J'aurais voulu être…
J’aurais voulu être un artiste… heu non, un personnage politique.
— Mais pourquoi ?
— Pour faire bouger les choses. Pour agir concrètement pour le climat. Pour améliorer le quotidien des gens. Pour construire « un monde meilleur » (miss world inside).
J’m voyais déjà en haut de l’affiche.
Je me voyais bien montant à la tribune, défendant des projets qui ont du sens. Convaincre, rassembler, transformer. Changer les choses au lieu de râler devant la télé en regardant les infos, sur les réseaux sociaux. Partout. Tout le temps. Passer de « il faudrait que » à « nous allons faire ». De spectateur à acteur.
Mais…
Mais je regarde l’actualité politique — de Didier Reyndeirs à Georges-Louis Bouchez — et je me dis que je suis définitivement trop honnête pour ce métier. Et pourtant, je ne me sens pas plus honnête qu’un autre.
Les rares fois où j’ai regardé un réunion politique (que ce soit à la commune ou au Sénat) — masochisme bonjour — je me suis cru en fin d’une mauvaise corona. Et en corona, on est bourré. Ça excuse un peu. En politique, on peut être carrément honteux de leur manière de parler ; les interruptions, les petites phrases assassines, les détournements de questions, les réponses qui n’en sont pas… Et puis, crier sur l’autre. Sans s’écouter.
Si un jour, ils me parlent de bienveillance, je tombe évanoui.
Il y a une telle déconnexion avec nous. Mais qui suis-je ? Simplement un gars de la classe moyenne 1 qui s’en sors très bien.
Témoignage d’une maman solo qui s’en sort (Facebook)
Est-ce que l’on pourrait faire autrement si on y était ?
Le système semble tel qu’il formate celles et ceux qui y entrent. Ou alors, il ne laisse émerger que celles et ceux qui acceptent ses règles tacites. Ou bien, il faut être tombé dedans quand t’étais petit. L’art du compromis devient l’art de la compromission. La nécessaire diplomatie se transforme en langue de bois. La stratégie politique prend le pas sur la conviction.
Bouh.
Et pendant ce temps, mes enfants grandissent.
Ils grandissent en âge et en sagesse (si si) et — comme la plupart d’entre vous — j’explique qu’il faut être honnête, respectueux, écouter les autres, dire la vérité, exprimer ses sentiments… quand les exemples du monde politique montrent exactement l’inverse. Comment leur enseigner le débat constructif quand les adultes qui nous représentent (sic) s’interrompent sans cesse et s’invectivent ? Comment leur parler de respect quand nos élus se moquent publiquement de leurs opposants ? Comment illustrer l’empathie quand les personnes qui devraient montrer l’exemple semblent incapables de se mettre à la place des autres ou le font très mal ?
Les enfants. Faites ce que l’on vous conseille et vous montre mais pas ce que font les politiques.
#notAllPolitics je sais. Je sais que certaines personnes essaient mais vous n’êtes pas légion.
On peut être authentique et efficace.
On peut transformer sans se transformer.
On peut convaincre sans manipuler.
Non ?
En tout cas je ne serai toujours pas Kévin, je ne me présenterai jamais — pas fou le mec — et je reste dans mon coin à écrire de temps en temps un article de blog alors qu’il y a plein d’autres choses à faire.
— Tu ne serais pas en train de faire de la politique, là, avec ton blog ?
— Chut.
Crédit photo Copilot
-
La notion de classe moyenne est bien floue. Si je me réfère à cet article de la RTBF fort bien écrit, toutes les personnes que je connais en font partie. Je pense que tous et toutes ont un revenu compris entre 1500 et 6000 € net/mois. Imagine maintenant, la différence de vie si tu as 1500€ ou 6000€. ↩