J'ai lu « Enfoirés d'altruistes » de Ploum.
Bien que je sois d'accord sur le fond de son post, je n'ai pas aimé les mots employés. Je l'ai alors honteusement plagié en reformulant selon mon envie. Je ne pense pas qu'il m'en tienne rigueur.
«Désaccord n'est pas désamour.»


En éternel optimiste, je suis confiant dans le fait que l’immense majorité de l’humanité est bienveillante. Nous ne souhaitons que le bonheur pour nous-mêmes et les autres.

Mais alors, comment expliquer la multiplication des conflits, des guerres, des disputes et des violences ?

Ma réponse est toute simple : parce que nous ne sommes pas assez vrai et que nos différentes cultures nous poussent à « penser d’abord aux autres ». Nous sommes bêtement gentils. Altruistes si vous préférez.

— Et alors ? me diriez vous avec un air étonné en vous tapant la tempe de l’index.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, avoir des bonnes intentions pour les autres ne fait que paver l’enfer, pour paraphraser le proverbe. La solution ? Cessons d'être gentils, soyons vrais !

Petit exemple

Marie a offert une boite de pralines à Jean. Ils viennent de la manger ensemble. Il n’en reste plus qu’une dans la boite. Marie en a très envie. Mais elle veut avant tout faire plaisir à Jean.

— Tiens, prends la dernière !

Jean n’a pas du tout envie de la praline car il sait qu’elle est à l’alcool et il a horreur de ça. Cependant, il ne veut pas froisser Marie ni montrer que son refus est purement égoïste.

— Non, merci, je te la laisse.
— J’insiste, tu en as pris moins que moi !
— Vraiment, sans façon !
— Ce serait bête de la jeter !
— Bon, d’accord…

Moralité : Marie et Jean sont tous les deux frustrés mais sont persuadés de s’être frustrés pour le bien de l’autre. Ce qui a eu l’effet inverse !

Peut-on généraliser cet exemple ?
Oui, je le pense !

La praline parait peut-être anecdotique mais remplaçons le chocolat par la morale et nous avons la source même des conflits et du fanatisme. Si un homme pense qu’il n’est pas sain que ses enfants soient exposés à de la pornographie, il va militer pour interdire la pornographie dans toutes la société afin de protéger tous les enfants ! Les opposants du mariage homosexuels militent pour, selon leur propre mot, le bien de tous et de la société. Ils sont donc essentiellement altruistes.

Exemple extrême : les extrémistes religieux ne cherchent jamais qu’à sauver les âmes égarées, quitte à les torturer et les tuer un petit peu en passant. Mais c’est pour leur bien.

Une hypocrite bienveillance

Le problème d’une société altruiste, c’est qu’il devient virtuellement impossible d’exprimer son propre désir, celui-ci étant perçu comme égoïste. Il devient également impossible de signifier à une personne bien intentionnée que son intention n’a pas eu l’effet escompté.

Il suffit pourtant de cesser d'être dans un altruisme hypocrite et d'être vrai. La difficulté d'être vrai dans la société réside dans la formulation de nos sentiments et pas dans nos sentiments eux-même.

Le discours de Marie et Jean pourrait être:

— Non, merci, je te la laisse.
— J’insiste, tu en as pris moins que moi !
— Vraiment, sans façon !
— Si tu es sûr, ça me fait plaisir d'en manger encore une. Merci.

ou bien,

— Non, merci, je te la laisse.
— J’insiste, tu en as pris moins que moi !
— Vraiment, sans façon !
— Ce serait bête de la jeter !
— Je n'aime pas les pralines à l'alcool. Je devrais vraiment me forcer pour la manger. On peut la proposer aux collègues.
— Oh non, pas grave, je la mange !

Être vrai n'amène pas à l'inévitable frustration.

L'inévitable frustration

Les gentils, frustrés inconsciemment par le non-assouvissement de leurs désirs, en viennent à haïr les égoïstes qui n’ont rien demandé à personne.

Sans le savoir, ils exigent que tout le monde fasse le même sacrifice qu’eux. Ou, au minimum, ils veulent être reconnus pour leur sacrifice. Si l'autre ne fait pas le même sacrifice qu'eux, il sera jugé.

En résumé, les altruistes imposent leur vision du monde aux autres et attendent donc que les autres leurs rendent la pareille. Alors qu'être vrai occasionne des petites frustrations généralement bien comprises.

Je peux accepter de donner la dernière praline — et être frustré de ne pas la manger — parce que je sais que ça fait plaisir à l'autre. Pas parce que je pense que ça lui fait plaisir.

Les conflits

Vous m'objecterez que si tout le monde dit ce qu'il pense — sans ambages — il y aurait encore plus de conflits car, forcément, les envies sont parfois incompatibles.

Je pense au contraire que l'expression de ses sentiments, de ses attentes et de ses limites de manière claire et négociable est la bonne manière d'éviter les conflits.

Être vrai améliore la communication, la transparence. Il est plus facile de faire confiance à quelqu'un qui me dira ce qu'il pense plutôt que ce qu'il croit que je veux entendre. Si deux personnes ne sont pas « raccord », leur frustration sera verbalisée et rationalisée.

« J’avais envie de la dernière praline mais il est juste que Marie ait pu la manger. »

Être vrai et franc entraine donc une diminution des incompréhensions. Les conflits restants sont, au moins, clairement identifiés et négociables.

L'harmonie

La raison essentielle pour laquelle j'essaie d'être vrai et non gentil (altruiste) est l'harmonie.

Comment voulez-vous apporter de l’harmonie au monde si vous n’êtes pas en harmonie avec vous-mêmes ? Comment voulez-vous écouter les autres si vous n’êtes pas capable de vous écouter ? Comment satisfaire les envies de ceux que vous aimez si vous êtes vous même frustrés ?

Être vrai m'ouvre aux autres.

Vous voulez changer le monde ?
Rendre les autres heureux ?
Apporter du bonheur à vos proches ?

Cessez d'être gentils, soyez vrais !


L'article original de Ploum « Enfoirés d'altruistes ». Crédit photo chez Gratisography par Ryan McGuire. Être vrai, c'est ne pas hésiter à manger des croustillons parce que c'est bon.