— C'est un prof cool !

Tout ceux qui font le même métier que moi ont toujours rêvé entendre cette phrase dite de l'un de ses élèves au détour d'un couloir ou rapportée par un collègue. Ça n'arrive malheureusement (quasi) jamais et nous devons nous faire notre opinion sur base de notre seul ressenti. Notre ressenti qui est très lié à notre confiance en soi.

Il est plus facile d'être cool dans sa classe si l'on dégage une certaine autorité.

Autorité.

Le mot est lâché et c'est celui qui revient le plus souvent lorsque l'on parle d'ambiance dans la classe. D'accord. Mais quelle autorité ?

Sûrement pas l'autorité basée sur le pouvoir. Cette autorité là, je l'exècre. Je fais ce que tu me demandes parce que tu as le pouvoir de m'y contraindre. Par la force, la menace, la sanction, parce que tu évalues…. Cette autorité là n'induit pas le respect de l'autre en tant qu'humain, elle impose un respect par la crainte.

D'après Thomas Gordon, il existe quatre formes d'autorité. Les trois autres sont plus indiquées à être développées en classe ou dans tout groupe.

Quand j'entre dans une classe et que je ne connais pas encore le groupe. Au début. Avant que j'ouvre la bouche, c'est l'autorité basée sur la position qui agit. C'est parce que je suis « le prof » que les étudiants me prêtent attention. Je ne dois rien faire. C'est mon statut qui fait l'autorité.

Cette autorité — pour peu qu'elle fonctionne (encore) — ne doit être que temporaire. Le temps de prendre contact avec le groupe. Pour être un prof cooooool, il faut accompagner ce respect de la position de l'autorité basée sur les ententes in·formelles et surtout de l'autorité basée sur l'expérience.

L'autorité basée sur les ententes in·formelles provient des règles tacites ou explicites qui régissent la vie de l'école et de la classe. Les premières règles sont un sous-ensemble du règlement qui n'ont de sens que si elles ont été expliquées et acceptées (mais c'est un autre débat). Les autres règles s'énoncent quand le besoin s'en fait sentir. C'est simplement du « vivre ensemble ». Tout ça peut se faire avec bienveillance.

— Une arrivée tardive interrompt mon raisonnement et me fait perdre le fil de ce que je veux dire. Ça m'ennuie de chercher mes mots. Je préfère que l'on arrive à l'heure ou que l'on attende l'inter-cours.

— C'est plus facile pour moi de présenter cette matière lorsque tout le monde arrive à l'heure.

L'autorité basée sur l'expérience apporte de la reconnaissance de la part des étudiants. S'ils peuvent se dire que le prof gère alors c'est gagné. La sagesse, le savoir, les compétences techniques, relationnelles, pédagogiques amènent cette autorité. Il ne s'agit pas d'être le maitre mais de connaitre sa matière et ses outils en toute modestie.

Mais ça ne suffit pas.
C'est l'empathie qui fait que l'on apprécie son prof.
Et apprécier son prof favorise l'apprentissage.

L'empathie.

La compréhensions des sentiments, des croyances et des émotions de l'élève nous rappelle que nous sommes des êtres vivants. Nous avons tous notre part de sensibilité. Dans la classe. Dans n'importe quel groupe. Si j'écoute les sentiments de mes étudiants, je les considère comme des humains. Ils peuvent alors me considérer comme un humain également avec ses forces et ses faiblesses. Je peux exprimer mes sentiments, écouter les leurs et une relation se crée. Une relation qui tente à être bienveillante et non hiérarchique de le-prof-qui-sait-tout et l-étudiant-qui-ne-sait-rien. Cette relation dans le groupe tient une place importante dans les processus d'apprentissage. Si une (quasi) absence de soutien émotionnel induit une attitude passive, l'empathie favorise la motivation et la compréhension.

C'est win win.


Empathie. Autorité basée sur l'expérience. Modestie. Bienveillance.


Crédit photo chez unsplash par Mikkel Bergmann. Ces dindons sont plus que probablement à l'écoute des sentiments les uns les autres. On pourrait intituler la photo: « Dans la salle des profs ».