notes·de·pit

Parfois j'apprends à pêcher à des gens qui n'aiment pas le poisson

Faut-il se justifier ?

3 enseignantes devant un tableau sur lequel il est écrit 'i promise. i work'

Je lis régulièrement — et particulièrement ces jours-ci où nous sommes sous les feux de l’actu — des enseignants et des enseignantes qui tentent de justifier « qu’ils travaillent ». Ils travaillent plus que les 20 heures — oups, pardon : les 20 périodes de 50 minutes. C’est encore moins que ce que l’on croit : les corrections jusqu’à minuit, les réunions pédagogiques, les préparations de cours, les conseils de classe, les rencontres avec les parents, les formations continues obligatoires ou volontaires (si si), la gestion administrative, les mails le week-end, les projets pédagogiques à monter, les bulletins à remplir, la différenciation à mettre en place, les adaptations pour les élèves à besoins spécifiques, les surveillances d’étude, la participation aux activités extra-scolaires, le fait qu’on soit payé 10 mois sur 12…
La liste est longue.
La liste est différente pour celles et ceux de maternelle, du primaire, du secondaire inférieur, du secondaire supérieur voire du supérieur tout court (qui, eux, travaillent encore moins #sarcasm).

Je pense que ce n’est pas une bonne idée de se justifier.

Se justifier, c’est se placer dans une position de coupable. C’est vrai, enseignant-fainéant. C’est jouer leur jeu. C’est accepter implicitement qu’il y a un doute légitime sur notre investissement professionnel. Et c’est exactement ce que cherchent celleux qui dénigrent notre métier.

Ceci dit, présenter le travail d’un ou d’une enseignante, oui. Pourquoi pas. Pour que les gens se rendent compte de la réalité du métier.

Mais présenter n’est pas justifier.

Présenter, c’est dire : « Voici ce que je fais, voici pourquoi c’est essentiel, pourquoi c’est important, voici ce dont j’ai besoin pour mieux faire. ». Justifier par contre, c’est dire : « Promis, je travaille, ne me bashez pas. ». Tu sens la différence ?

Dans tous les jobs, certaines personnes font leur travail consciencieusement et d’autres non. L’enseignement n’y échappe pas. Mais si, en tant que profession, on se sent collectivement obligé de se justifier, c’est qu’ils ont gagné : le travail est dénigré, dévalué, remis en question. Ils ? Les politiques, les chroniqueurs du dimanche, la partie de l’opinion publique qui se nourrit de clichés…

Comme dirait l’autre…

Heureusement qu’on a une bonne retraite

Une profession complète ne devrait pas devoir justifier qu’elle travaille. Elle devrait être aidée à travailler.


Crédit photo, IA. Image d’un enseignant générée par Copilot et les variations présentées ici l’on été par Gemini.