notes·de·pit

Parfois j'apprends à pêcher à des gens qui n'aiment pas le poisson

Le paysage de l'enseignement supérieur, deuxième

Cet article fait suite à ma première réaction au décret paysage et (en partie) à la réussite à 10/20.

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Comme attendu, les réactions fleurissent à ce sujet et certains étudiants ont même décidé de lancer une pétition !

— C’est un nivellement par le bas ! Le diplôme ne vaut plus rien ! scandent les détracteurs

— Mon fils se contente d’un 10/20. Depuis lors, je le dépose à mi-chemin de l’école[f^1] et je ne repasse que la moité de ses t-shirts. enchérit Charlotte

Je ne pense vraiment pas qu’il faille s’inquiéter de la valeur du diplôme, un étudiant obtenant son bachelor (ou son master) avec distinction restera un étudiant ayant bien réussi2.

Par contre, il est probable qu’il y ait plus d’étudiants qui obtiennent leur diplôme…

… ce qui généralisera sans doute les entretiens d’embauche avec tests et la présentation des bulletins. À vous de voir qui vous embauchez3.

À noter également que, selon nos informations, certains professeurs envisagent déjà d’adapter leurs critères de correction.

(Extrait de la Libre)

Balayer d’un revers de la main la réussite à 10/20 en disant que les enseignants vont revoir leur manière de coter est sans doute aller vite en besogne.

Un 10/20 wallon est un 14/20 américain

(Entendu dans le journal télévisé de La Une du 12 novembre 2013)

Je m’étais dit de prime abord qu’il suffisait de revoir l’échelle de valeur mais ce n’est pas si simple. Je me sens lésé dans ma liberté pédagogique4 et il est indéniable que le décret aura un effet sur notre manière d’attribuer LA cote.

Comment se marque cet impact ?

Avant le décret paysage, mes choix d’évaluations pouvaient, grosso modo, être répartis en quatre types de cotes x:

Avec le décret paysage, j’ai l’impression que mon choix est devenu binaire

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Que vont advenir les points de balance dans cette perspective ?

Le décret nous dit

Le décret introduit ainsi une distinction entre le programme d’études établi par l’établissement qui, comme précédemment, est présenté en blocs annuels de 60 crédits et le parcours annuel d’un étudiant qui dépend des crédits acquis progressivement.

Ainsi, chaque année académique, l’étudiant s’inscrit à un ensemble cohérent d’unités d’enseignement du programme. Ceci permet de briser la barrière des années du programme à réussir successivement, mais s’inscrit dans un parcours progressif au gré des acquis individuels.

Toutefois, la délibération globale sur l’ensemble de son programme annuel permet de maintenir la possibilité au jury d’acter le droit à l’erreur, d’effacer un échec ponctuel au sein d’une session.

(Extrait du décret)

On a vu que la réussite sera à 10, que les années d’études se dissolvent au profit de parcours adaptés à l’étudiant mais nous aurons encore la possibilité « d’effacer un échec ponctuel » … pas sur que dans ces conditions ce soit encore judicieux.

Aujourd’hui, je me demande comment vont s’organiser les années d’études ? Comment faire pour gérer « l’ensemble cohérent d’unités d’enseignement » étudiant par étudiant et leur permettre un « parcours progressif au gré de leurs acquis individuels » ?

On peut lire également:

Une disposition oblige l’ARES à rationaliser l’offre de formation afin de ne pas garder des formations redondantes ou insuffisamment suivies dans en deux lieux proches. Les habilitations sont ainsi accordées sur base d’un avis motivé remis par l’ARES.

Il risque d’y avoir des fusions de hautes écoles. Cette rationalisation de l’offre, si elle évite de payer des profs devant des classes vides tue une saine concurrence.

Bref, il me reste pas mal de questions en suspens …


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Liens


  1. J’ai vraiment bien aimé ce commentaire suite à l’article de la libre :-) 

  2. … et l’on pourra parler « d’excellence » comme le décret aime à le faire ;-) 

  3. Je ne fais pas le péteux, et je n’oublie pas mon parcours scolaire, rassurez-vous 

  4. Il fallait bien que je la place quelque part pour donner du sérieux à l’article ^^ 

  5. Et là, je ne suis pas d’accord avec l’argument d’harmonisation présenté, en autre par la FEF, même si je comprend parfaitement qu’il soit difficile pour un étudiant ayant une moyenne comprise entre 10 et 12 d’accepter qu’il ne satisfait pas.