notes·de·pit

Parfois j'apprends à pêcher à des gens qui n'aiment pas le poisson

Epsilon 2010

Epsilon, learning & development est un salon organisé tous les deux ans et destiné à la formation et plus particulèrement au elearning. Je me rends à ce salon dans le cadre de la CARé (_Cellule d’Aide à la Réussite) afin de « découvrir » ce qui se fait dans le domaine.

Après consultation de l’annonce du salon et mon choix de workshops, je réalise (mon arrivée sur place me le confirme) qu’il s’agit d’un salon au sens un peu péjoratif du terme où chaque stand est la vitrine / pub d’une société. Je vois qu’il y a beaucoup de sociétés proposant des formations (elarning ou pas) et du coaching d’entreprise. Bref, on vient vendre et c’est pour ça que j’ai reçu une invitation gratuite (dixit Clo).

À part Dokeos qui vient de l’open source les autres outils proposés (e-doceo…) semblent assez propriétaires et s’accompagnent toujours d’un service quelconque. Une plateforme de elearning est, par exemple, fournie avec des modules de formations tous faits pour MS Office.

Après un bref tour, je me dirige vers les workshops.

Les workshops

Pour ceux qui, comme moi, ne sont pas familiers avec le langage de l’entreprise 1, un workshop est simplement un exposé d’une petite heure !

“Le tutorat: comment en faire un outil de gestion de compétences” par ICHEC Entreprises

C’est le premier wokshop de la journée et le train ayant du retard je n’ai donc pas bien suivi la présentation. J’en retiens cependant quelques points

“Rédiger rapidement et simplement des textes clairs, efficaces et accessibles à tous grâce à Information Mapping par Synaps

La présentation m’a beaucoup plu, c’est une présentation dans un cadre d’entreprises, on sent donc que les moyens matériels (et donc financiers) sont là mais c’est de qualité quand même. Ça me permet (simple mortel prof) de voir la différence entre une formation / présentation en entreprise par rapport à une présentation en classe. J’énonce :

Ça commence donc (via l’appareil de vote) par une découverte du public via quelques questions sympas et un petit test. Le test consiste à présenter un mail dans lequel nous devons chercher une réponse. Nous devons ensuite faire la même chose dans un deuxième document. Les formateurs nous montrent que l’on est bcp plus rapide dans le deuxième cas de figure… grâce… tadam… à la méthode Information Mapping

Voici les deux textes (pdf).

Comparaison des deux textes

En arrivant je pensais que l’on me parlerait de Mind Mapping mais cela n’a rien à voir, la méthode permet de rédiger des documents qui seront beaucoup plus accessibles à tous. Ça me parrait bien, il va falloir que je creuse un peu 3. C’est, je pense, quelque chose à mettre en œuvre (à l’école).

workshop très intéressant.

“Le elearning, la main de l’homme et le dos de la serviette” par Dokeos

Thomas De Praetere est philosophe de formation et ça s’entend d’emblée. L’exposé (manifestement peu préparé) est (donc) très intéressant à écouter car il fait souvent références à des philosophes. Le statut de philosophe de l’orateur engendre de suite une réflexion un peu plus profonde que la présentation d’un outil permettant le elearning.

L’orateur se demande pourquoi il est (quasi) impossible de rendre correctement un croquis fait par un formateur lors d’une présentation. Lorsque je fais un croquis pour illustrer un propos, mon public comprend car « je lui ai fait un dessin ». Thomas De Praetere fait alors référence à Dan Roam auteur de The back of de napkin (Le dos de la serviette 4) s’interrogeant également sur : « Pourquoi n’est-on jamais aussi clair que lorsque l’on fait un croquis sur le dos d’une serviette ? ».

DanRoam.jpg

Mais si je tente d’intégrer ce même croquis dans une présentation, c’est moche, c’est vide de sens… et c’est, au pire, incompréhensible. Qu’a-t-on perdu ?

Personnellement j’aurais ajouté 5 que l’on perdait également

Le raisonnement conduit finalement à

Se pose la question de qui va faire le croquis 6 : l’auteur ou un graphiste ? Dans tous les cas, l’auteur ne sera pas satisfait du résultat et ce résultat sera un peu dépossédé du contenu d’origine.

J’ajoute que l’on n’aura plus le droit à l’imperfection… et pourquoi pas après tout ? Ce n’est pas “corporate” ^^

Dans la pratique j’essaierais d’intégrer des croquis style sous-bock afin de tester comment les apprenants y sont réceptifs. Il faut voir également le temps et l’énergie que cela peut prendre… on est loin j’imagine du dessin au dos de la serviette.

“Apprentissage informel: utilisation des réseaux sociaux en contexte d’apprentissage” par Crossknowledge

Le formateur, Stephan Atsou (LinkedIn, blog), est jovial et pose les questions sociales: « Qui a un compte FB ? Twitter ? LinkedIn ?… »

Web 2.0 is constituted with individuals, who start conversations anywhere, anytime, who share information and knowledge, to build a better world.

Retenons que le principe du web 2.07 ce sont des individus (pas spécialement regroupés) qui commencent (et ne les finissent pas toujours) des conversations, des discussions. Le web 2.0 permet à chacun de s’exprimer facilement. C’est le point de départ de ce que l’on appelle (ou appellera) social learning.

Mais avant cela Stephan Atsou, définit la notion de Enterprise 2.0 qui consiste à permettre aux membres de l’entreprise de réagir aux informations qu’ils reçoivent. Dans une entreprise j’ai un intranet me permettant de partager des documents 8 si en plus j’ai la possibilité de réagir aux documents en postant des commentaires (techniquement ajouter des commentaires, ou twitter ou partager le document avec un groupe d’utilisateurs…) par exemple alors mon entreprise devient 2.0.

Si j’ai la possibilité de réagir aux notes (de services et autres), j’ai une meilleure transparence au niveau de la société et ça ne peut apporter qu’un mieux en termes de communications. Personnellement, je n’imagine rien d’autre mais il est clair que beaucoup de sociétés préfèrent l’obscurantisme et la vue top-down de la hiérarchie.

Le constat suivant part d’une étude de Robert Kelley précisant que si jadis un travailleur possédait 80% des connaissances nécessaires à son travail dans sa tête… il n’en possède plus que 7% aujourd’hui. Le reste doit donc pouvoir être « retrouvé » par exemple par un réseau de connaissances. En informatique par exemple, on reconnait un bon programmeur Java non au fait qu’il connaisse l’API élémentaire Java mais au fait qu’il soit capable de retrouver rapidement et correctement du code fonctionnel dans d’autres librairies et qu’il le mette en œuvre.

Le social learning (apprentissage social) est l’apprentissage qui se fait en dehors du cursus scolaire, en dehors des formations, simplement de manière informelle. Par essence donc, il sera difficilement quantifiable.

The social learning is the learning that occur (mostly) outside the classes, courses and curriculum model.

Certains énoncent la règle de 70-20-10 en terme d’apprentissage. Ceci inciterait l’apprentissage informel.

702010-apprentissage-formule-3.png

Sur cette base, le social learning propose d’intégrer les outils de communications sociaux à l’apprentissage informel ou comment utiliser les outils de communications sociaux pour favoriser/générer des discussions (qui seraient alors électroniques et pas spécialement au détriment du contact physique), discussions qui favoriseraient l’apprentissage. Je me demande si l’on ne tente pas de réinventer le chanel IRC.

Il y a trois manières de favoriser (lancer) ces discussions informelles 9 :

Ce dernier point est pour moi utopiste ou déplacé (ou avant-gardiste) car si je génère l’apprentissage par la discussion, soit je suis instigateur et ça risque de devenir formel, soit je suis attentiste… et on réinvente simplement IRC.

À retenir

De cette journée, je retiendrais les choses suivantes (en vrac parce que c’est long)

Dans l’ensemble je suis donc satisfait de cette journée. J’ai réussi à faire un peu abstraction de l’aspect corporate du salon, je ne vis absolument pas dans le même monde et j’en suis content (certains m’ont d’ailleurs dit: “C’est vous l’enseignant ?”. Heu… oui.).

Si vous avez un tant soit peu saisi le sens du social earning et de enterprise 2.0, n’hésitez pas à commenter ici.


  1. Entendez ceux qui sont en costume/chemise (pas toujours cravate), qui ont de beaux logos d’entreprise et qui demandent très chers pour leurs formations 

  2. Entendez épais et brillant… pas un papier “non blanchi au chlore” :-( 

  3. Peut-être demander au patron de suivre la formation de 2 jours chez eux… c’est moins de 1000 € ^^… ou plus sérieusement m’informer sur le sujet; Google, Information-mapping.fr (le test moyennant le plugin qui convient) 

  4. Traduction littérale car en Belgique, on parle plus volontiers d’un sous-bock 

  5. Mais vous connaissez ma timidité ! 

  6. Dans mon cas d’enseignant la question ne se pose pas, c’est moi 

  7. Comme j’abhorre ce terme qui est utilisé à hue et à dia et souvent hors contexte. Mais bref, c’est corporate 

  8. Il nous parle évidement de SharePoint comme si dans le monde de l’entreprise rien n’existe d’autres, c’est dément. 

  9. C’est marrant car si l’on essaie de lancer des discussions, de générer des communications… sont-elles encore informelles ?