Les délibés sont finies…
Hier, c’étaient les délibés (entendez les délibérations).
Je n’aime pas les délibés.
Mais bon, comme je disais, les délibés sont terminées. Presque aux deux sens du terme.
Au sens premier, elles ont eu lieu, ce sont bien passées, des étudiants ont ratés et d’autres ont réussis. Donc tout est normal. Sans révéler les secrets de la délibération, je peux expliquer comment cela se déroule. Les règles officielles sont (c’est bien de les rappeler parfois) :
« Moyenne supérieure à 12/20 et aucune cote inférieure à 10 »
Dans la pratique nous nous autorisons des « cadeaux » : un étudiant ayant une bonne moyenne mais un cote inférieure à 10 (9 par exemple) pourra passer dans l’année supérieure même s’il ne satisfait pas aux conditions. L’idée, c’est évident, est d’être humain et d’autoriser l’une ou l’autre faiblesse. C’est normal, tout le monde sait ça et toutes les écoles pratiquent cela depuis mille ans. Cette manière de faire amène deux problèmes.
Comment être équitable ?
Quand s’arrêter dans les cadeaux.
Au sein de l’école nous nous sommes fixés des règles internes permettant d’attribuer automatiquement les cadeaux. On sent déjà que la notion de cadeau glisse vers le dû. Avec cet règles automatiques, nous sommes plus équitables… et donc, moins humains puisque l’attribution du cadeau est automatique. C’est un peu comme quand on donne une dringuelle à deux enfants plutôt qu’un cadeau à chacun : c’est moins personnalisé mais c’est plus juste (pour autant que le montant soit le même).
De plus en plus — et les recours y sont sans doute pour quelque chose — des étudiants comparent leurs notes et les décisions du jury. Il tentent alors plus facilement un recours s’ils estiment avoir été lésés et ne pas avoir reçu le même cadeau qu’un autre. Heureusement ces cas sont rares… mais il en suffit d’un pour attirer l’attention de notre ministre. La ministre est donc de plus en plus attentive à la justification des décisions du jury sans doute pour accroitre l’équité. Sans doute aussi pour diminuer le pouvoir ou la suprématie des conseils de classe. Personnellement, je déplore un peu ce glissement : plus équitable mais moins humain.
En conclusion, je prévois la fin des délibés pour… bientôt.
C’est une volonté supérieure (pas divine, simplement ministérielle) de faire la même chose pour tout le monde. J’espère cependant que l’on autorisera encore, même si c’est automatique, de faire des cadeaux aux étudiants. Parce que avec la notion de crédits annoncée par le nouveau décret, l’étudiant du futur devra avoir 10 dans chaque cours. Il n’y aura plus (en tout cas moins) de notions d’année. Je me demande à quelle sauce nous allons être mangé.
Wait and see.