En ce dimanche matin, je me rends à l'église parce que mes parents veulent que je participe à la messe. Je me mets au fond de l'église avec mes potes et nous attendons que ça passe. Ensuite, nous nous retrouverons au café du village pour boire quelques bières avec ceux1 qui ont été à la messe et les autres. Tout le monde s'en fout un peu que l'on aille à la messe ou pas, l'important c'est de se retrouver après. Au café, ça parle fort. De tout. De rien.

À l'époque, tout le monde est un peu catholique ou s'en fout… enfin presque.

Certaines personnes bataillent pour plus de laïcité. Leur combat est compréhensible. Dès lors que la religion ne m'intéresse pas, je ne veux pas qu'elle soit omniprésente: école catholique, église dans chaque village… Ces personnes bataillent2 pour une plus grande laïcité de l'État. Bien que la constitution belge sépare « les choses »3, l'État finance les cultes, organise des cours de religions dans l'enseignement obligatoire et la religion garde une place dans l'espace publique que d'aucun trouve trop importante.

En général, tout se passe bien, l'Être humain aspirant à vivre serein. Mais parfois ça frotte et ça gueule au café. Des personnes s'expriment parfois en criant et tout ça n'est pas grave. Désaccord n'est pas désamour. Exprimer ses sentiments, ses opinions dans le respect de l'autre, même en criant parfois est même très sain. Bref, parmi les personnes qui s'affichent comme étant laïques4 certaines sont militantes. Jadis, on aurait dit les bouffeurs de curé.

Les militanteurices5 de tout poil — qu'iels peuvent raser ou pas d'ailleurs — sont par leur militantisme toujours aux aguets. Étant convaincu que leur combat est le bon et l'ayant sans doute maintes fois répété, ces personnes6 ont parfois tendance à grogner voire à montrer les dents. Les combats sont divers et chaque personne a les siens. Aujourd'hui je pense à la laïcité et au droit de porter des signes convictionnels parce que ce sont des combats sensibles et épidermiques. Ce n'est pas trop mon combat. Mon combat, c'est plutôt la défense des logiciels libres, de linux et la lutte contre les GAFAM. Cette sensibilité reste et restera mais je ne milite plus. J'informe, j'explique, je réponds aux questions mais n'essaie plus de convaincre à tout prix.

— Et les bouffeurs de curé !
— D'accord. D'accord.

D'abord, j'écris l'expression avec gentillesses et même affection. Ensuite, le militantisme trop combattant me fait parfois peur ou m'agresse si je me sens forcé. Ceci dit, c'est le militantisme qui fait bouger les choses. Il dérange et fait donc réfléchir. Hier, les militanteurices laïques auraient — et ont d'ailleurs — bataillé contre l'église catholique. Il suffit de faire une recherche d'images dans un moteur de recherche avec les mots clés « caricature église catholique » pour s'en rendre compte7. Aujourd'hui, la religion n'est plus unique en Belgique et leur combat est toujours le même. Leur lutte contre la religion catholique se déplace contre la religion musulmane et malheureusement les sensibilités étant différentes aujourd'hui qu'hier ça passe mal. Une personne militante laïque se battra tout autant contre le port du voile que contre le port d'une croix dans une école.

Aujourd'hui le militantisme laïque se heurte au militantisme musulman et je prie8 pour que le débat puisse se faire en parlant voire en criant mais surement pas en insultant ou en tuant.

C'est pas gagné.


Crédit photo alegendaryptrip, « Le church » ancienne église transformée en discothèque jadis.


  1. J'écrirais bien celleux mais ce n'était pas d'usage à l'époque bien que nous étions filles et garçons au café. C'était d'ailleurs, il y a tellement longtemps que toutes mes connaissances étaient binaires. C'est dire comme c'est vieux ;-) 

  2. Aujourd'hui, il faudrait sans doute écrire « luttent » et lever le point. 

  3. Je reste résolument flou parce que je ne maitrise absolument pas le sujet… ce qui ne m'empêche pas de m'exprimer… ah l'homme blanc ;-) #humour 

  4. Et l'on peut afficher ses opinions si l'on veut, je peux dire que je suis catholique, que je suis laïque, que je suis athée ou que je suis musulman… sauf que je dois trouver une tournure de phrase sans le « Je suis » ^^ 

  5. T'as vu ? Plus de point médian ! Est-ce que je cherche à faire ami-amie avec les « inclusifves » ou bien ennemi avec l'académie française ? En vrai, en général j'aurais écrit « les militants et les militantes »… mais je suis d'humeur taquine. 

  6. Quand j'écris « ces personnes » ce n'est pas du dédain ou de la distance, c'est pour éviter d'écrire « ils ou elles » ou « iels ». 

  7. En général ces — toutes les — caricatures me font rire, sinon sourire. 

  8. Tête d'ange