Disclaimer: J'aime beaucoup mon travail. Je ne suis pas à plaindre et je ne me plains pas. Je parle d'un retour en arrière et j'espère que les lecteurs et les lectrices peuvent comprendre que la perte d'acquis sociaux chez les un·es n'améliore en rien la situation chez d'autres. Qu'ils ou elles soient plus ou moins bien loti·es.


Je suis enseignant.

Comme j'aime à le dire, j'ai la chance d'avoir un travail qui me plait. Un travail qui me passionne. Un travail que me laisse pas mal de marge de manœuvre dans les choix de la matière que j'enseigne et dans mon organisation personnelle et professionnelle. Je peux, par exemple, faire mes tâches hors présentielles quand ça me convient.

Je gagne honnêtement ma vie.

Lorsque je parle « salaire » avec des travailleurs ou des travailleuses du privé ou d'autres secteurs publics, la discussion autour du salaire prend régulièrement la tournure suivante. Après avoir échangé les montants nets… bruts… nets… bref !

#humour

— Oui, et tu as 2 mois de congés.
— Non, 6 mois si on écoute la presse. En fait je suis en congé du 1 juillet jusqu'au 15 aout, date à laquelle les secondes sessions débutent. J'ai également congé pour le congé de Carnaval (oups, le congé de détente), pour les vacances de pâques (re oups, les vacances de printemps) et pour les vacances de Noël (encore une fois oups, les vacances d'hiver). Cela fait 33 + 5 + 10 + 10 soient 58 jours de congés.
— …
— Tiens et vous vous avez toujours une bagnolle ?
— Souvent mais plus systématiquement. Quand on a une voiture, on a aussi la carte essence. C'est toi qui paie ton laptop ? Nous on reçoit le laptop et la connexion internet.
— Non, nous on a les congés.
— On a aussi un smartphone avec un abonnement assez solide.
— Nous on a les congés.
— On a des chèques repas, c'est assez sympa.
— Nous on a les congés.
— Ma cadette a dû être hospitalisée et avec l'assurance hospitalisation, c'était facile. On n'a même pas dû payer d'avance. Tout était pris en charge. Et toi, tu as une assurance hospitalisation ?
— Non non, nous on a les congés.
— Pas d'assurance groupe non plus alors.
— Nope ! On a les congés. Oui, tu sais. Et toi, c'est 20 jours de congés c'est ça ?
— Non, chez nous, c'est 35 jours. Comme on ne pointe pas, on a 3 jours en plus. On a aussi quelques jours de récup. Tout l'un dans l'autre, ça doit faire 40 jours par an.

— …

— Comme on est dans le secteur public, on a un salaire un peu moindre mais on a la sécurité de l'emploi et une bonne pension.

Aujourd'hui, début 2018, j'ai un collègue de 58 ans qui part à la retraite. C'est le dernier à profiter de ce régime. Les autres travailleront jusque 67 ans pour une pension de 400 à 600€ net de moins par mois.

Plutôt que de permettre à des jeunes de travailler et d'enseigner, ce sont des papys et des mamys de 67 ans qui vont se retrouver devant des gamins de 18 ans pendant que leurs enfants de 24 ans — plus ou moins hein ! C'est un exemple — resteront à la maison parce qu'au chomage. Ironique. Non ?

Tiens ! Si mon gamin ou ma gamine veut devenir prof, il ou elle pourra préparer mes leçons et faire mes corrections… pendant que je ferai une petite sieste au fauteuil.

Tu seras prof d'info mon fils ou ma fille.


Crédit photo chez Unsplash. Un homme à la retraite. Sans doute bien méritée.