Les workshops

Pour ceux qui, comme moi, ne sont pas familiers avec le langage de l'entreprise [1], un workshop est simplement un exposé d'une petite heure ...

"Le tutorat: comment en faire un outil de gestion de compétences" par ICHEC Entreprises

C'est le premier wokshop de la journée et le train ayant du retard je n'ai donc pas bien suivi la présentation. J'en retiens cependant quelques points

  • Le tuteur doit être valorisé. Être tuteur n'est en aucun cas une voie de garage mais bien une valorisation des compétences ... en ce sens, le tuteur doit être reconnu (par tous) comme quelqu'un ayant autorité dans le domaine.
  • En fait non, pas quelques points, un seul ...

"Rédiger rapidement et simplement des textes clairs, efficaces et accessibles à tous grâce à Information Mapping par Synaps

La présentation m'a beaucoup plu, c'est une présentation dans un cadre d'entreprises, on sent donc que les moyens matériels (et donc financiers) sont là mais c'est de qualité quand même. Ça me permet (simple mortel prof) de voir la différence entre une formation/présentation en entreprise par rapport à une présentation en classe; j'énonce

  • un costard et une chemise plutôt qu'un tshirt,
  • impression couleur sur papier "cher" [2],
  • don d'une enveloppe contenant la présentation et la pub pour leurs formations,
  • utilisation d'un petit appareil de vote pour faire ludique,
  • 3 formateurs (un orateur, un utilisateur pc et un "commentateur")

Ça commence donc (via l'appareil de vote) par une découverte du public via quelques questions sympas et un petit test. Le test consiste à présenter un mail dans lequel nous devons chercher une réponse. Nous devons ensuite faire la même chose dans un deuxième document. Les formateurs nous montrent que l'on est bcp plus rapide dans le deuxième cas de figure ... grâce ... tadam ... à la méthode Information Mapping

Voici les deux textes (pdf)

imap-before-after-en.png

En arrivant je pensais que l'on me parlerait de Mind Mapping mais cela n'a rien à voir, la méthode permet de rédiger des documents qui seront beaucoup plus accessibles à tous. Ça me parrait bien, il va falloir que je creuse un peu [3]. C'est, je pense, quelque chose à mettre en œuvre (à l'école).

workshop très intéressant.

"Le elearning, la main de l'homme et le dos de la serviette" par Dokeos

Thomas De Praetere est phylosophe de formation et ça s'entend d'emblée. L'exposé (manifestement peu préparé) est (donc) très intéressant à écouter car il fait souvent références à des phylosophes. Le statut de phylosophe de l'orateur engendre de suite une réflexion un peu plus profonde que la présentation d'un outil permettant le elearning.

L'orateur se demande pourquoi il est (quasi) impossible de rendre correctement un croquis fait par un formateur lors d'une présentation. Lorsque je fais un croquis pour illustrer un propos, mon public comprend car "je lui ai fait un dessin". Thomas De Praetere fait alors référence à Dan Roam auteur de The back of de napkin (Le dos de la serviette[4] ) s'interrogeant également sur: "Pourquoi n'est-on jamais aussi clair que lorsque l'on fait un croquis sur le dos d'une serviette ?".

DanRoam.jpg

Mais si je tente d'intégrer ce même croquis dans une présentation, c'est moche, c'est vide de sens, ... et c'est, au pire, incompréhensible. Qu'a-t-on perdu ?

  • Le mouvement de la main du formateur.
  • La personnalité du formateur.
  • La synchronisation avec le son.
  • L'adapatation au public.
  • La spontanéité.
  • L'abstraction. Le fait que le croquis soit mal fait permet à chaque apprenant d'interprêter le dessin et de le transposer dans son propre modèle de représentation. Je dessine une vache en faisant un rond et quatre barres et ça suffit, l'imagination de chacun en fera une vache particulière.

Personnellement j'aurais ajouté[5] que l'on perdait

  • Le droit à l'imperfection. Si je fais un dessin sur un sous-bock il est clair que ma vache ne représente pas une vache mais ce n'est pas grave. Dans un slide, une vache doit (doit-elle ?) ressembler à une vache.

Le raisonnement conduit finalement à

  • intégrer le croquis,
  • refaire le croquis qui deviendra alors impersonnel et qui perdra en compréhension,

Se pose la question de qui va faire le croquis[6], l'auteur ou un graphiste. Dans tous les cas, l'auteur ne sera pas satisfait du résultat et ce résultat sera un peu dépossédé du contenu d'origine.

  • intégrer une vidéo afin de récupérer le mouvement, la synchronisation mais pas la spontanéité ni l'adapatation au public ni la personnalité du formateur.

J'ajoute que l'on n'aura plus le droit à l'imperfection ... et pourquoi pas après tout ? Ce n'est pas "corporate" ^^

  • intégrer une vidéo qui cette fois va tenter de rendre la personnalité du formateur (en le plaçant dans un contexte, en jouant sur l'éclairage, sur la mise en scène, ...)

Dans la pratique j'essaierais d'intégrer des croquis style sous-bock afin de tester comment les apprenants y sont réceptifs. Il faut voir également le temps et l'énergie que cela peut prendre ... on est loin j'imagine du dessin au dos de la serviette.

"Apprentissage informel: utilisation des réseaux sociaux en contexte d'apprentissage" par Crossknowledge

Le formateur, Stephan Atsou (LinkedIn, blog), est jovial et pose les questions sociales: "Qui a un compte FB ? Twitter ? LinkedIn ? ... "

Web 2.0 is constituted with individuals, who start conversations anywhere, anytime, who share information and knowledge, to build a better world.

Retenons que le principe du web 2.0 [7] ce sont des individus (pas spécialement regroupés) qui commencent (et ne les finissent pas toujours) des conversations, des discussions. Le web 2.0 permet à chacun de s'exprimer facilement. C'est le point de départ de ce que l'on appelle (ou appelera) social learning.

Mais avant cela Stephan Atsou, définit la notion de Enterprise 2.0 qui consiste à permettre aux membres de l'entreprise de réagir aux informations qu'ils reçoivent. Dans une entreprise j'ai un intranet me permettant de partager des documents [8] si en plus j'ai la possibilité de réagir aux documents en postant des commentaires (techniquement ajouter des commentaires, ou twitter ou partager le document avec un groupe d'utilisateurs, ...) par exemple alors "c'est entreprise 2.0".

Si j'ai la possibilité de réagir aux notes (de services et autres), j'ai une meilleure transparence au niveau de la société et ça ne peut apporter qu'un mieux en termes de communications. Personnellement, je n'imagine rien d'autre mais il est clair que beaucoup de sociétés préfèrent l'obscurentisme et la vue top-down de la hiérarchie.

Le constat suivant part d'une étude de Robert Kelley précisant que si jadis un travailleur possédait 80% des connaissances nécessaires à son travail dans sa tête ... il n'en possède plus que 7% aujourd'hui. Le reste doit donc pouvoir être "retrouvé" par exemple par un réseau de connaissances. En informatique par exemple, on reconnait un bon programmeur Java non au fait qu'il connaisse l'API élémentaire Java mais au fait qu'il soit capable de retrouver rapidement et correctement du code fonctionnel dans d'autres librairies et qu'il le mette en œuvre.

Le social learning (apprentissage social) est l'apprentissage qui se fait en dehors du cursus scolaire, en dehors des formations, simplement de manière informelle. Par essence donc, il sera difficilement quantifiable.

The social learning is the learning that occur (mostly) outside the classes, courses and curriculum model.

Certains énoncent la règle de 70-20-10 en terme d'apprentissage. Ceci inciterait l'apprentissage informel.

702010-apprentissage-formule-3.png

Sur cette base, le social learning propose d'intégrer les outils de communications sociaux à l'apprentissage informel ou comment utiliser les outils de communications sociaux pour favoriser/générer des discussions (qui seraient alors électroniques et pas spécialement au détriment du contact physique), discussions qui favoriseraient l'apprentissage. Je me demande si l'on ne tente pas de réinventer le chanel IRC.

Il y a trois manières de favoriser (lancer) ces discussions informelles [9]

  • intégrer des discussions dans les présentations afin d'induire que "la discussion peut continuer ailleurs" ou qu'elle a été bénéfique dans le cadre d'un apprentissage (c'est un peu la technique de la collection Head First chez O'Reilly) - le virus
  • permettre/favoriser la discussion autour du sujet d'apprentissage (par intégration de lien vers des endroits où l'on peut en discuter; forum, commentaires sur un blog, ...) - le tronc
  • créer un apprentissage uniquement sur base de discussions - l'arbre

Ce dernier point est pour moi utopiste ou déplacé (ou avantgardiste) car si je génère l'apprentissage par la discussion, soit je suis instigateur et ça risque de devenir formel, soit je suis attentiste ... et on réinvente simplement IRC.

À retenir

De cette journée, je retiendrais les choses suivantes (en vrac parce que c'est long)

  • Tous les slides sont en anglais. Ça ne me surprend pas du tout, ça me conforte dans mon opinion et je trouve ça bien.
  • Il existe un site où partager ses liens SlidesShare (par exemple cette présentation sur ''elarning vs social learning'')
  • Ils ont utilisés TweetWallPro (en test pour le ''hashtag'' de l'école pendant 24h) et il existe TweetWall.me offrant le même genre de service mais avec moins de fonctionnalités.
  • Technofutur était présent et leur offre de formations en ligne s'est agrandie. Comme celle-ci est toujours gratuite pour les étudiants, je devrais essayer (html, css, ou autres) afin de tester; le contenu, l'outil, le coach. Leurs formations ne sont pas écrites en SCORM et ils utilisent BlackBoard comme outil de elearning.
  • L'information mapping peut être intéressant à l'école.

Dans l'ensemble je suis donc satisfait de cette journée. J'ai réussi à faire un peu abstraction de l'aspect corporate du salon, je ne vis absolument pas dans le même monde et j'en suis content (certains m'ont d'ailleurs dit: "C'est vous l'enseignant ?". Heu ... oui.).

Si vous avez un tant soit peu saisi le sens du social earning et de enterprise 2.0, n'hésitez pas à commenter ici[10].

Notes

[1] Entendez ceux qui sont en costume/chemise (pas toujours cravate), qui ont de beaux logos d'entreprise et qui demandent très chers pour leurs formations

[2] Entendez épaix et brillant ... pas un papier "non blanchi au chlore" :-(

[3] Peut-être demander au patron de suivre la formation de 2 jours chez eux ... c'est moins de 1000 € ^^ ... ou plus sérieusement m'informer sur le sujet; Google, Information-mapping.fr (le test moyennant le plugin qui convient)

[4] Traduction litérale car en Belgique, on parle plus volontiers d'un sous-bock

[5] Mais vous connaissez ma timidité !

[6] Dans mon cas d'enseignant la question ne se pose pas, c'est moi

[7] Comme j'abhore ce terme qui est utilisé à hue et à dia et souvent hors contexte. Mais bref, c'est corporate

[8] Il nous parle évidement de SharePoint comme si dans le monde de l'entreprise rien n'existe d'autres, c'est dément.

[9] C'est marant car si l'on essaie de lancer des discussions, de générer des communications ... sont-elles encore informelles ?

[10] Si vous lisez une version papier, ça se passe sur le blog, http://blog.namok.be/?post/2010/11/09/Epsilon-2010