« Faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux ».

Si tu me lis depuis longtemps, tu sais que c'est ma maxime depuis des années et c'est peut-être la réponse. En tout cas, c'est ce qui me permet de tenir le coup depuis quarante-quelques années — je mens encore de 10 ans sur mon âge même si ça marche moins — sur cette planète qui devient de plus en plus compliquée (endropose inside aussi).

La vie est difficile et c'est tout : le climat qui part en vrille, le corps qui vieillit et qui commence à faire des bruits bizarres, les gens qui me semblent de plus en plus sérieux, les enfants qui découvrent que papa n'est finalement pas Superman (ça ils le savaient, c'est l'IA qui me le propose)… l'IA qui s'invite partout alors qu'elle n'est utile que parfois.

Si l'on prend tout ça au premier degré, au pied de la lettre, avec la gravité « qui va bien », on finira sous antidépresseurs.

— Chérie, y a plus de soma ?
— Non mon chéri, il va falloir faire autrement.

Use et abuse du second degré. Il sera ton bouclier anti-déprime. Alors, je dis des conneries. Sans me prendre au sérieux. Pas tout le temps. Suffisamment pour que la vie soit supportable quand on a des moments de mou. On vanne ses amis, on dit des blagues parfois foireuses, on détourne une situation dramatique avec une pirouette humoristique.

Ce n'est pas minimiser les problèmes, c'est parfois les rendre juste… vivables. C'est une forme de résistance — we are legion. Dire des conneries, c'est refuser de se laisser abattre par la gravité de ce qui nous entoure et ce, même si l'on a finalement le cul dans le beurre.

J'ai grandi avec IRC, les premiers forums, les newsgroups. À l'époque, internet était un terrain de jeu où on pouvait se permettre d'être cons, de faire des blagues pas toujours fines, de se chamailler pour des trucs sans importance. À l'aube des réseaux sociaux, ils étaient finalement un terrain de jeu pour vieux cons où le pseudonimat ne posait pas de porblème (si oui, /kick pseudo).

Aujourd'hui, les réseaux sociaux sont parfois toxiques. Et pour qu'ils ne le soient pas, il faut se rappeler leur fonction essentielle : permettre d'évacuer la pression par l'humour. Je fais donc partie de ces « vieux » qui n'écrivent (quasi) que des conneries sur les réseaux sociaux. Ne pas se prendre au sérieux remember.

Je vanne aussi mes amis et mes amies, c'est une manière de leur dire que l'on est suffisament à l'aise avec elle ou lui, que l'on se connait suffisament, que l'on comprend nos codes : vanner quelqu'un, c'est lui montrer qu'on l'aime. C'est leur dire qu'ils ou elles sont suffisament importantes pour que l'on prenne le temps de les charier.

Attention, c'est un art : rigoler de tout sans blesser.

Avec bienveillance.

Pas de méchanceté gratuite, on peut tout dire mais pas n'importe comment ni n'importe quand. « Rigoler de tout » et « se moquer de tout et de tout le monde », ça n'a rien à voir. Rigoler de tout, c'est avoir assez de recul pour voir l'absurdité de nos vies, de nos petits drames, de nos grandes angoisses. C'est accepter qu'on soit tous un peu ridicules et que c'est pas grave. Se moquer de tout le monde, c'est juste être un connard.

Je pensais intituler ce billet on peut dire des conneries, mais je préfère il faut dire des conneries. Pas tout le temps, pas n'importe comment, mais il faut le faire.

Parce que c'est ce qui nous permet de rester humains dans un monde qui devient de plus en plus inhumain.

Parce que c'est ce qui nous permet de garder le lien avec nos amis, même quand tout part en vrille autour de nous.

Parce que c'est ce qui nous permet de faire face aux difficultés sans sombrer dans la déprime ou la résignation.

Alors allez-y, dites des conneries. Mais dites-les bien.


Crédit photo chez DeviantArt · octobrecrepusculaire. Une yourte pour mes amis.

Ce billet est le premier billet écrit à l'aide d'un agent IAG. c'est bluffant et ça fait peur. Pour celleux qui ne savent pas ce qu'est un agent; je lui ai dit lit mes anciens billets (il en a lu 5, 6 seulement) pour avoir le ton et crée un billet qui parle de « ça » (et je lui ai donné 8 items dont je voulais parler). Il a créé le fichier et a mis de l'ordre. J'ai ensuite retouché et réécrit.