Depuis que nous avons choisi d'être hyper-connectés — parce que, oui, nous l'avons choisi — on ne parle plus que de droit à la déconnexion.

C'est très bien d'en parler parce que nous ne prenons pas la bonne direction. Être hyper-connecté c'est être connecté aux réseaux, aux mails, aux messages et, quoi que l'on puisse dire, ça nous déconnecte des autres et de la nature.

Je suis malheureusement dans le cas. Je ressens parfois un manque de contact même au sein de la famille.

Par contre, si l'on ne distingue pas déconnexion professionnelle et déconnexion des écrans alors nous faisons un bel amalgame avec deux choses bien différentes.

La déconnexion professionnelle est simplement le fait d'avoir un moment pendant lequel nous travaillons et un moment pendant lequel nous ne travaillons pas.

Facile.

En fonction de mon travail, je choisi — et parfois, il faudra batailler pour — des moments pendant lesquels je ne travaille pas. Si je suis ouvrier maçon par exemple ou, plus généralement, si je pointe, ce sera après ma journée. Mes heures de prestation sont clairement définies et quand ma journée est faite, je n'ai plus de comptes à rendre à mon employeur ou mon employeuse. Si par contre, je suis cadre, en fonction de mes responsabilités et de mon contrat, je travaillerai sans doute encore un peu après ma journée : répondre à quelques mails (dans le train), terminer la présentation du lendemain (après le souper)…

Outre le travail à faire, il y a la communication avec les autres.

J'ai tendance à dire que :

J'envoie un mail quand je veux et je le lis quand je veux.

Envoyer les mails pendant les heures de bureau, fausse bonne idée.

Le « quand je veux » est dans les deux cas à prendre avec une rigueur professionnelle d'un bon parent de famille.

Bien sûr que je ne vais pas laisser passer plusieurs jours ouvrables avant de lire mes mails professionnels. Bien sûr aussi que je vais y répondre dans un délai raisonnable.

Pour ce qui est de l'envoi, je n'ai aucune gêne à envoyer un mail à 3h du matin lorsque mon interlocuteur ou mon interlocutrice dort tout comme je n'ai pas de soucis de recevoir son mail à 6h du matin lorsque, c'est (enfin) moi qui dort. Je dois alors être au clair avec mes collègues que ce n'est pas parce que j'envoie un mail que j'attends une réponse dans l'heure et il doit être clair que ce n'est pas parce que j'envoie un mail en dehors des heures de bureau que je travaille plus.

Le mail est asynchrone.

C'est comme ça depuis sa naissance et la nétiquette nous enseignait déjà qu'il ne fallait pas présumer des horaires de l'interlocuteur. Pour rappel, les mails s'échangeaient initialement — je réduis un tout petit peu — entre scientifiques n'étant pas d'office dans le même réseau horaire.

Netiquette 2.0

Même si la plupart des utilisateurs peuvent lire leur mail partout et tout le temps, ils ont des activités et dorment --- parfois pas aux mêmes moments que vous. Laissez leurs le temps de prendre connaissance de votre mail avant de croire qu'il n'est pas arrivé ou qu'ils ne veulent pas répondre.

Je ne demande jamais d'accusé de réception et j'ignore toujours lorsqu'il y a une demande. Tu n'as pas besoin de savoir si j'ai reçu ton mail.

Au delà du mail que certaines personnes trouvent has been — et dire has been est has been — il y a pléthore d'autres outils. Je conseille fortement de distinguer les outils de communication professionnels et privés :

  • Signal, Whatsapp, Messenger and co, c'est privé,
  • Slack, Google chat, Teams, c'est professionnel.

C'est cette distinction qui permet la déconnexion et c'est très simple. Ne recevez aucune notification de vos outils professionnels. C'est inutile puisque pendant que vous travaillez, vous les consultez et… pendant que vous ne travaillez pas — on dit déconnecté aujourd'hui — vous ne les consultez pas. Si vous êtes dans la situation où vous avez un téléphone de travail… c'est simple, il suffit de l'éteindre.

Je caricature peut être un peu, mais c'est l'idée.

Ceci peut paraitre radical mais il en va de notre bien être au travail et de notre équilibre entre vie privée et vie professionnelle. De plus en plus d'entreprise fixent légalement ce cadre.


La déconnexion des écrans est une autre histoire dont tu es le héros puisque c'est toi et toi seul qui a la main la dessus bien que…

Sans être alarmiste, il s'agit d'un désastre sanitaire c'est-à-dire que ça touche un grand nombre de personnes et affecte leur santé et peut, potentiellement, augmenter la mortalité : dépression, repli sur soi…

Le désastre sanitaire des écrans : "C'est trop facile de faire porter la responsabilité aux seuls parents et ados"

Se déconnecter des écrans est très difficile parce que notre smartphone est omniprésent et utilisé pour tout : écouter de la musique, consulter son agenda pour l'organisation familiale et personnelle, vérifier une information. Ces choses, je les fais quotidiennement — ou continuellement ? — et c'est du vivre ensemble. Je dois pouvoir continuer à le faire sans être sans cesse distrait par les réseaux sociaux, les jeux… et c'est envie incessante du scroll infini.

Aujourd'hui, on constate qu'il y a moins d'interaction sur les reseaux et plus de « gavage » (comme une oie).

Il est temps de se limiter si on ne veut pas devenir (encore un peu plus) abruti.

Le pic de l'intelligence humaine est-il derrière nous ?.