Dans un soucis d'inclusion j'écris souvent et je dis « Salut à tous et à toutes ».

L'écriture inclusive m'intéresse beaucoup parce que c'est à la mode sans doute. Parce que ça m'amuse de jouer avec la langue surtout. Pas vraiment parce qu'elle permet d'inclure car je ne suis pas (encore) convaincu que c'est l'écriture inclusive qui inclut. Je crois qu'il est bon d'être attentif à toutes nos différences et essayer d'accueillir l'autre avec les siennes, avec les miennes. Essayer d'être accueillant, ce n'est pas tenter, à priori, de n'oublier personne. De les citer toutes. Mais aujourd'hui, ça parle principalement d'une seule différence. On parlera de masculin / féminin (ou féminin / masculin si l'on préfère) dans l'écriture et le langage.

Rappel : l'écriture inclusive, ce n'est pas que le point médian '·'. Le point médian est le dernier recours lorsque l'on écrit. Je préfère donc d'abord utiliser « tous et toutes » (la double flexion) et parfois, s'il le faut, si c'est obligé, s'il n'y a rien d'épicène, écrire alors « toustes » ou « tous·tes » (jamais « tou·te·s » car trop de points médians tuent le point médian). Pour en savoir plus, un article auquel j'agrée en tous points.

Écriture inclusive : faisons le point autour de la cheminée
https://www.24joursdeweb.fr/2017/ecriture-inclusive-faisons-le-point-autour-de-la-cheminee/

Bref, si je disais « salut à tous » — ou « salut tertous » dans le patois local — que j'ai remplacé par « salut à tous et à toutes », j'aime bien changer parfois et dire « salut les gars ». Ça fait coooool, moins sérieux, un peu plus familier… Dans un soucis d'inclusion bla bla, et en étant (un peu) moins sérieux, j'ose donc :

« Salut les gars et les garces ».

Les réactions sont diverses :

  • un sourire quand on accepte cet humour ;
  • un sourire nerveux que l'on force parce que c'est sans doute mieux de faire bien par rapport à l'injonction machiste et que l'on est prise de court ;
  • un froncement de sourcil qui dit : « heu, c'est pas drôle » ;
  • un haussement de sourcil qui dit : « seriously » ;
  • aucune, j'ai le nez dans mon smartphone.

Finalement est-ce de l'humour — que l'on peut trouver déplacé ou pas — ou être en avance (ou en retard) sur son temps ? (Comme beaucoup je me plais à croire être un précurseur, un lanceur… d'idioties…). Hier, je regardais les nouveaux mots qui arrivent dans le dictionnaire et je vois qu'il s'y trouve des mots qui existent déjà mais dont le sens s'est étoffé. Par exemple, cluster, écouvillon ou confinement.

Je regarde aussi la définition de garce en cherchant les plus gentilles,

  1. dans Le Robert, le sens 1 dit

    Vieux Femme, fille

  2. dans le Larousse, le sens 3 dit

     Jeune fille ou femme en général, souvent avec une nuance admirative pour son aspect physique : Une belle garce.

  3. dans le centre national de ressources textuelles et lexicales (cnrtl) le sens A1 dit 

    I. − Subst. fém. A. − [Les subst. masc. corresp. sont garçon et gars] Synon. (jeune) fille. Vx. Adolescente.
    Elle (...) retrouva des jambes de jeune garce, s'occupa des papiers de sa nièce (Zola, Terre,1887, p. 384).
    De son temps encore, les petits gars et les petites garces du village venaient faire, en manière de jeu, le diable et la belle Orberose (A. France, Île ping.,1908, p. 178).

Bon, c'est pas gagné !

Je décide de me baser sur… les définitions qui m'arrangent, celle du Robert et celle du cnrtl. Je citerai même Anatole France s'il le faut pour essayer que l'an prochain, les dictionnaires étoffent le mot garce d'une nouvelle définition basée sur la définition de gars.

  1. GARCE [ɡaʁs] n.f. (Nom masculin correspondant, gars) Fille, jeune femme. Fille qui inspire la sympathie, qui ne fait pas d'histoires. Une bonne, une brave garce; une jeune garce. Familier : Salut les garces !

À la lumière de cette nouvelle définition, que personne ne soit surpris1 si je lance un tonitruant « Salut les gars et les garces » c'est que les personnes concernées m'inspirent la sympathie…


Crédit photo par Christina. À défaut d'un haussement de sourcil, un œil réprobateur.


  1. Je remplace « ne soyez pas surpris » que j'aurais du double-flexer ou affubler d'un point médian par « Que personne ne soit surpris ». Pour moi, c'est ça une écriture inclusive.