« Et les athois ouais, et les athois ouais. Et les athois ne périront pas ! »

Mais taisez vousaut ! On dirait qui n'a pu fok ça qu'on counoit1. Mais taisez-vous ! On dirait qu'il n'y a plus que ça que l'on connait. Serait-ce la seule chanson que vous êtes capables de chanter à l'unison ?

J'ai envie de dire que non et pourtant si je vous observe, serrés dans la foule tout comme moi (d'ailleurs je suis la foule mais je m'égare) je constate que l'on chante beaucoup moins qu'avant. Je sais, c'était mieux avant toussa. Pour l'année prochaine vous tous qui vous dites athois et pour qui rien d'autre ne compte que la ducasse. Vous tous qui avez téléchargé l'application ducasse. Vous aut. Et bien chantez !

On ne peut pas connaitre toutes les chansons du floklore. Je l'accorde et je suis loin d'être une référence. Et pourtant. C'est en chantant — fort et faux s'il le faut — que l'on entend les paroles et que l'on apprend. Cette bonne vielle tradition orale.

La première chanson que je retiens — même pas tous les couplets, à peine le premier — est celle que ma grand-mère m'a chanté un jour. C'est la seule fois où je l'ai entendu chanter d'ailleurs.

El gross’ cloq’ sounn’, c’est Gouyass’ qu’on marie. On cant’ les viepps d’vant l’conseil communal. À l’occasion de c’bell’ cérémonie, dé chaqu’ famill, c’tain veritap’ regal. Che les pauvs comme che les riches, pou bieu coumêcher l’ducasse, chez tertous faut qu'on minchiche, un morciau del tart Gouyass.

L’ducass’ d’Ath est enn’ fiète. Comme i n’d’a nieu beaucop. Et l’ciun qui dit que c’est biète, pour mi n’est foc ain sot.

Une belle histoire qui nous raconte la journée du samedi de la ducasse. Vous pouvez commencer par apprendre cette chanson-là ou débuter par le Grand Gouyasse. V'la qu'on soune el gross' cloq' qui nous raconte la même histoire de ce mariage improbable entre Monsieur et Madame. Ah, voir les géants danser le Grand Gouyasse au pont du moulin ou ailleurs. Tout le monde en parle. Mais voir les géants danser le Grand Gouyasse et entendre le public chanter, c'est autre chose. Ça fait vibrer bien plus fort. Pour ça, il faut que le public (je suis le public) mouille un peu son maillot et chante.

Tant que tu as la tête dans le guidon, rappelle toi les babeluttes qu'on arlequoi et t'premièr baise dé l'rue du paradis. Quand la fanfare entonnera un Faubourg de Tournai tu chanteras et le morceau aura une toute autre saveur. Tu éviteras les la la la et tu raconteras une histoire avec tes voisins que tu ne connais pas et qui chantent les mêmes chansons. Le sourire qu'ils te retourneront alors sera un vrai sourire de ducasse.

Les bleus viennent de tirer un coup (sic) et tu vois le vaillant hébreux qui s'avance au son des salves des bleus. Sa colonne le fait chavirer et pourtant, il ne s'arrête pas de danser. Dès qu'il danse tu chantes parce qu'on s'en fout que les athois ne périssent pas, c'est Samson que l'on regarde. C'est lui qui capte toute notre attention.
Samson. Milliard qu'elle est belle no ma'selle (mi dé m'lit je n'pése foq a elle). Abach te, e rliev te, frotte 't boudaine contre l'mienne Filomène. Bayard, éblouissant. Tellement beau pour tous les p'tits néfants. Toutes ces chansons (récentes), il faut les répeter pendant l'année parce qu'elles racontent une histoire et que c'est ça la ducasse. C'est l'histoire, la musique et la fanfare, la chanson et le public, le géant et son porteur qui font que décidément non, c'est nieu biet.

Au travail les gens.
À vos textes.

Pour ma part, en passant devant l'arsenal, j'entends les pompiers se demander où sont passés les tuyaux. Où on a mis la grande échelle…


La photo est de moi. C'est ambiorix avec sa cape qui vole au vent. Ai-je dit que c'était le plus beau ?


  1. Tant pis pour les lecteurs non autochtones, la suite se fera en version française et originale en alternance. La version sous-titrée étant peu lisible.