Premier constat, j'habite relativement loin (5')

Lorsque le bip sonne, les pompiers arrivent, les camions se remplissent et partent. Et si «le train n'attend pas», le camion de pompier attend encore moins ! Ce qui fait qu'habiter loin implique que, régulièrement, le camion est parti quand j'arrive[1] !

Je me retrouve donc assis dans le fauteuil attendant le retour de mes collègues. Outre que ce soit complétement démotivant et source de taquineries, j'ai bien autre chose à faire que de m'asseoir dans un fauteuil à 2h du matin ! Je n'ai pas l'impression d'être au service de la population. Je n'acquiers aucune expérience.

Deuxième constat, je ne suis pas «très disponible» (famille, boulot).

Nous (la famille et moi) avons des difficultés à gérer la disponibilité. Si je n'ai pas de soucis pour me libérer pour une garde ambulance lorsque celle-ci est prévue mais j'ai des difficultés à être «disponible pompier» à la maison (ou dans la zone).

Être disponible pompier signifie que l'on signale au système qu'il peut nous bipper ! Ce qui implique que

  • je dois rester dans la zone (pas trop de soucis)
  • je ne peux pas rester seul avec les enfants (ma femme est donc, soit bloquée, soit obligée de prendre tous les enfants[2])
  • je ne peux pas partir avec les enfants (et ça les ennuie de ne pas pouvoir venir faire une course avec moi ou ...)
  • on évite de faire du mortier ou de coller du plancher
  • ...

Être disponible pompier ne veut absolument pas dire qu'il y aura une intervention pendant ce temps là ^^ ... on accepte ces contraintes parfois/souvent pour «rien»[3].

Cette disponibilité est donc une source de stress pour moi et la famille ... et Dieu sait comme un couple n'a pas besoin de stress supplémentaire.

Troisième constat, je n'aime pas spécialement dire que je suis pompier.

Je n'ai absolument pas honte d'être pompier, mais je n'en retire aucune gloire. Je ne me suis pas engagé pour le prestige de l'uniforme mais plutôt comme un service à rendre à la collectivité.

Si je n'aime pas que l'on me considère comme pompier, c'est parce que

  • je ne recherche pas une identité ou une reconnaissance sociale (je suis moi, je suis prof et ça me va),
  • je n'estime pas être un «bon pompier»
  • ça m'occasionne du stress car les gens pensent que, comme pompier, je peux faire face à toutes les situations urgentes

Si je ne m'estime pas bon pompier c'est parce que, même si l'on fait quelques exercices, le fait que je sorte peu ne me donne que peu d'expérience. Et cette expérience me fait cruellement défaut.

Régulièrement, les gens sont rassurés de savoir qu'il y a un ambulancier avec eux; «Il saura quoi faire.». Je pense que je réagirais (beaucoup) mieux que pas mal de quidams mais je n'ai qu'une formation d'ambulancier ... bien loin de celle d'infirmier (et l'on ne parle même pas de médecine). Et cette formation ne concerne que les premiers soins et le transport dans de bonnes conditions. Ni plus ... ni moins.

C'est peut-être un simple problème de confiance en soi ...

Quatrième constat, la formation de pompier, d'ambulancier

Une des raisons pour lesquelles je me suis engagé était de savoir quelles compétences est sensé avoir le pompier/ambulancier qui vient me chercher si je me crashe en voiture.

Au niveau de la formation d'ambulancier, je ne suis pas déçu, la formation est bonne. Ce qu'il peut manquer (comme à moi, par exemple) c'est de l'expérience[4] ... pour acquérir de l'expérience, il faut être plus disponible (et avoir un peu de chance) ... retour au point 2 ;-)

Au niveau de la formation pompier, ça évolue pas mal bien qu'il y ait encore beaucoup de lacunes. Je ne jette la pierre à personne, ce n'est pas facile à organiser et le public est constitué de gens fort différents. Pour ce qui est de la formation pour l'obtention des différents brevets (sapeur, caporal, sergent, ...) pas mal de chemin reste à parcourir ... Par contre, depuis quelques années, s'ajoutent des formations spécifiques très intéressantes; formation flashover, résistance au feu, gaz, ... Ces formations permettent vraiment de faire des choses que l'on ne fait pas ailleurs et ça c'est gai (lire, mon passage au four).

Devenir pompier/ambulancier demande une formation continue qu'il est difficile d'obtenir au vu des activités que l'on a (famille, boulot, loisir, ...).

Cinquième constat, les ressources humaines !

Dans une caserne gérée par des volontaires[5] l'organisation est une gageüre[6]. Tous les jours, les «gradés» essaient d'organiser le service mais c'est loin d'être une tâche aisée.

Pour terminer sur une note plus positive, le fait d'être pompier/ambulancier m'amène à rencontrer plin de gens (en formation et en intervention), à faire des choses que l'on ne fait pas ailleurs, à bouger, ...

... reste à savoir si le ratio rencontres-gens intéressants / rencontres-gens inintéressants me convient. Pour l'instant c'est moyen.

À lire aussi

Notes

[1] Lorsque le système bipe les hommes, il prévoit 2 hommes de plus et parfois le camion part sans être rempli

[2] Oui, ils sont nombreux, c'est ainsi.

[3] Pour les collègues pompiers qui lisent, je sais que «c'est ça être pompier» mais ce n'est pas parce que je sais que c'est comme ça que ça me convient ;-)

[4] En plus certains on moins de chance que d'autres en termes de «sorties». Pendant une garde ambulances, certains ont la chance (?) qu'il se passe quelque chose, d'autres moins souvent.

[5] Pour rappel, tout le monde travail à temps plein en plus d'être pompier. À Ath, il y a 2 professionnels et ±70 volontaires.

[6] Nouvelle orthographe de gageure